Petite escapade à Puycelsi

Nous sommes en février, il fait doux sous un ciel légèrement voilé, les journées rallongent agréablement et l'envie de partir à l'aventure me titille... En congé, fiston a quitté sa vie palpitante d'étudiant à Toulouse et nous accompagne.

J'ai envie de lui montrer des beaux coins, pas trop loin de la maison.

On opte pour Puycelsi, village médiéval aux confins du Tarn.

Niché sur un promontoire rocheux dominant la vallée de la Vère, il est situé au cœur de la forêt de Grésigne, entre Gaillac et Montauban.

Dérivé du latin Podio Celsio, Puycelsi signifie colline élevée.

Fondé au Xème siècle par des moines bénédictins, surnommé "la forteresse des bois" et classé parmi les plus beaux villages de France, Puycelsi est composé de maisons de pierre, de briques et de bois, datant pour quelques-unes du XIVème siècle. Tout un programme...

Allez hop, en route !

Par cette belle journée qui annonce les prémices du printemps, quelques touristes ont eu la même idée que nous. Mais nous sommes loin des envahisseurs juillettistes ou aoûtiens et nous nous garons facilement sur la place du village située au sommet de la colline.

Nous démarrons notre visite par l'église Sainte Corneille, édifice d'inspiration gothique méridional et datant des XIV et XVème siècles. Sur la place adjacente, l'ancienne auberge abritait les chevaux au rez de chaussée et les voyageurs au premier étage. La petite terrasse a l'air bien sympathique, mais en cette période de l'année, elle n'est pas encore en activité.

Nous déambulons dans les ruelles étroites, admirant ici une fenêtre en ogive, là une maison à colombages aux volets de bois, vestiges des temps d'avant. Nous plongeons dans un passé lointain avec une facilité déconcertante. Je deviens la commerçante qui ouvre son échoppe chaque matin pour vendre des fuseaux fabriqués en buis ou en charme, ou la maraîchère qui gravit la pente avec son âne de bât le jour du marché, espérant écouler les fruits de son travail...

Le loup, lui, serait bien évidemment garde du château et sillonnerait inlassablement le chemin de ronde, à l’affût du moindre assaillant. Car Puycelsi a été une place souvent convoitée, attaquée, assiégée mais son emplacement stratégique et ses murs de défense lui ont assuré survie et prospérité.

Nous arrivons justement à proximité des murs d'enceinte. Non loin se dresse une petite chapelle, surplombant le vide. Il s'agit de la chapelle Saint Roch, édifiée en 1703 par les habitants pour remercier le ciel de les avoir protégés de la peste et perchée à 85 mètres au-dessus de la vallée. Elle est tout simplement belle...

Nous empruntons ensuite l'ancien chemin de ronde qui nous fait découvrir le château des gouverneurs, la tour de garde, les portes fortifiées aux entrées de la ville, mais surtout un magnifique panorama qui s'étale à perte de vue sous nos yeux ravis.

Forêt, prés, champs, vallons, roches se déclinent dans des bruns, ocres, verts tendres et sombres, gris, beiges aux nuances infinies. Sans oublier cette aquarelle aux teintes cotonneuses et délicates que le ciel dilue au-dessus de nous.

C'est mon moment préféré. Je suis dans ma bulle, je respire, je contemple, je ressens, je me ressource, je vis, tout simplement...

Nous reviendrons visiter cette pépite avec des amis de passage.

Le soleil sera plus intense, les couleurs plus chaudes, la forêt plus profonde.

Puycelsi se réinventera à nous pour notre plus grand plaisir...